Ce que l’anxiété m’a appris

L’inquiétude

J’ai les mains moites… signe de mon inquiétude. J’écris quelques phrases, puis je les efface… en quête du mot juste. Comment vous dire ce que je ressens ? Depuis quelques semaines déjà, mon cœur voyage entre la satisfaction et le doute, la joie et l’appréhension…

Pourquoi ?

Parce que je viens de réaliser l’un de mes rêves les plus fous : je viens de terminer mon premier manuscrit. J’ai mis près de deux ans pour y arriver. Bien sûr, je devrais me réjouir et célébrer ma victoire, mais ce n’est pas si simple.

Vers la fin du mois d’août, j’ai décidé que c’en était assez. Je devais relever le défi que je m’étais lancé, au moment où mon amie Mélissa est décédée. Je me suis donc attelée à la tâche, armée de courage. J’ai réfréné ma détestable manie d’accumuler les projets pour me consacrer entièrement à celui-là – sans vraiment y parvenir… alors j’ai travaillé sans relâche.

Par un bel après-midi de septembre, mes doigts, qui pianotaient sur le clavier depuis un bon moment déjà, se sont arrêtés net. J’ai regardé l’écran sans vraiment réaliser ce qui se passait. J’avais les joues rouges, le cœur battant. Je venais de mettre le point final.

J’ai gardé la nouvelle pour moi pendant quelques jours, d’abord parce que je n’y croyais pas, ensuite parce que j’avais peur. Qu’adviendrait-il de mon rêve maintenant ? J’avais contemplé sa réalisation si longtemps. Et maintenant, quoi ?

L’inquiétude s’est emparée de moi. Au fond, le rêve ultime n’était-il pas de partager mon récit, de le faire publier. Mais comment ?

J’ai commencé par réviser mon travail. J’ai tout relu de manière obsessionnelle, questionnant le sens de chaque mot, l’emploi de chaque virgule… Mais était-ce suffisant ? Ma petite voix me répétait inlassablement qu’il fallait en faire plus, toujours plus…

Mon inquiétude s’est muée en angoisse.  Vous savez, cette fameuse anxiété de performance dont je vous ai parlé à cœur ouvert, dans l’espoir de m’en libérer…

J’avais besoin d’être rassurée. J’ai donc envoyé mon texte à une réviseure linguistique chevronnée, pour qu’elle me donne son avis. Trois semaines plus tard, j’ai reçu le document annoté et je me suis remise à l’ouvrage. Enfin, après m’être assurée que la mise en page était impeccable, j’ai fait imprimer mon premier livre.

C’était le premier novembre.

J’étais fin prête à envoyer mon manuscrit aux éditeurs. J’ai mis le précieux document dans une chemise jaune et je me suis rendue chez l’imprimeur pour en faire des copies. Quelques minutes plus tard, je contemplais fièrement mes exemplaires reliés. Prochain arrêt : le bureau de poste.

Quand j’en suis ressortie, j’étais littéralement euphorique ! J’ai descendu la rue des Ursulines sans même réprimer mes éclats de rire. Je suis entrée dans une boutique remplie de trésors et je me suis offert un magnifique châle rouge créé par Sylvie Clermont. Une récompense intemporelle pour ce moment inoubliable.

Et maintenant, quoi ?

Maintenant, j’attends, dans la plus parfaite impuissance, qu’on me lise et qu’on me juge.

3 pensées sur “L’inquiétude”

  1. chartier dit :

    La solitude de l’artiste……..confiance …j’ai hâte de te lire !!!!

    1. Judith Proulx dit :

      Et quelle solitude! C’est incroyable!
      Merci d’avoir pris le temps de m’écrire pour calmer mon inquiétude!

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