Ce que mon engagement à changer m’a appris

Tirer des leçons

J’étais assise à ma table de travail, quand soudain, la sonnerie du téléphone a retenti. Dès l’instant où j’ai reconnu la voix au bout du fil, j’ai su ce que j’allais apprendre. J’ai retenu mon souffle, puis, un rire nerveux dans la voix, j’ai dit :

– Vous m’appelez pas pour m’apprendre que Madame Dupont est décédée, vous là?

L’hésitation de mon interlocutrice était sans équivoque.

– Euh! J’étais plus certaine du nom de la dame que tu accompagnais. Je pensais peut-être l’avoir vue dans la nécrologie…

Mes doigts enfonçaient déjà les touches du clavier. En quelques secondes, je me suis retrouvée face à ma chère Madame Dupont, qui souriait. J’ai immédiatement mis fin à la discussion sans rien laisser paraître de la tempête qui grondait en moi.

Ma déception n’avait d’égale que ma tristesse. La mise en garde de mon mari s’est mise à résonner dans ma tête, comme un écho : « Va donc la voir! Tu vas le regretter! » Et bien sûr, je le regrettais…

Le jour où je devais visiter Madame Dupont, je m’étais emmurée dans ma colère, me privant ainsi du précieux moment où je devais lui lire le texte écrit en son honneur. Je n’en aurais donc jamais l’occasion…

Je n’aurais jamais le plaisir de voir son visage s’illuminer en entendant les mots que j’avais choisis pour lui exprimer ma gratitude et mon affection.

J’avais honte de ne pas avoir su calmer mon emportement ce jour-là, car ce texte était pour moi un juste retour des choses. Au fil des semaines, Madame Dupont m’avait raconté ses voyages, ses amitiés, ses fous rire, ses peines… Par sa vivacité d’esprit, son indépendance et son audace, elle m’avait inspiré une grande liberté et l’envie folle de croire en mes rêves. Quand je lui avais demandé la permission d’écrire à son sujet, c’était dans le but de lui exprimer ce que je n’arrivais pas à lui dire de vive voix.

Or, je n’avais pas saisi l’occasion de lui partager mon texte lorsqu’elle s’était présentée, et pour moi, c’était comme si j’avais manqué à mon engagement. Les larmes qui coulaient le long de mes joues contenaient toute ma tristesse, ma déception et mes remords. À compter de ce jour, j’ai choisi de ne plus accompagner personne jusqu’à nouvel ordre, le temps de prendre soin de moi et de tirer des leçons.

Je me suis demandé s’il était normal que je m’attache autant aux personnes que j’accompagnais, si ma sensibilité n’était pas trop vive, si je ne m’exposais pas à des tourments inutiles.

Après mûre réflexion, je crois que c’est justement parce que je me laisse émouvoir par chacune de ces personnes que je réussis à les mettre en confiance et à prendre soin d’elles. Le fameux texte que j’ai écrit pour Madame Dupont avait une importance capitale pour moi, et non pour elle. Que je n’aie pas eu l’occasion de la visiter une dernière fois pour le lui lire ne change rien à la relation que nous avons eue dans les derniers moments de sa vie, car, à chacune de mes visites, j’ai agi comme s’il s’agissait de la dernière, lui offrant ma présence, mon écoute, ma joie de vivre et… toutes sortes de sucreries.

Alors, inutile d’entretenir des regrets! Après tout, je ne suis qu’humaine… J’ai fait de mon mieux et je continuerai de le faire avec amour et authenticité.

2 pensées sur “Tirer des leçons”

  1. Judith Proulx dit :

    Oh! C’est vraiment gentil de le souligner, Pauline! Je souhaite plus que jamais être cohérente dans tous les aspects de ma vie. Ce n’est pas un choix facile, mais il m’amène réellement à grandir. XX

  2. Judith Proulx dit :

    Chère Maryse,
    Merci de prendre le temps de me lire et de me partager tes impressions. c’est précieux pour moi. xx

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