Ce que mon engagement à changer m’a appris

Le don de soi

Ça me fait tout drôle d’intituler un texte ainsi. Le don de soi, dans ma tête, c’est bon pour le Dalaï-Lama, Mère Teresa ou Nelson Mandela, pas pour moi. C’est vrai! Je ne me suis jamais considérée comme une personne particulièrement dévouée. Imaginez! Jusqu’à l’année dernière, je ne m’étais jamais impliquée dans une organisation, pas même un comité étudiant.

Ce que mon engagement à changer m’a appris

La décision

18 mai 2016. Ma vie sans la médication est une véritable montagne russe. Je suis hypersensible, extrêmement réactive aux émotions et aux commentaires des autres, ce qui me rend insupportable. J’en suis consciente. Le pire est que malgré ma lucidité, je n’arrive pas à contrôler mes angoisses, créées de toutes pièces par les scénarios catastrophiques que j’invente. Les tensions physiques que je ressens sont par moment si intenses que je dois me coucher, assommée par une fatigue qui n’a aucune raison d’être. Bientôt, j’irai mieux. J’ai hésité, longuement hésité, mais j’ai flanché.

Ce que mon engagement à changer m’a appris

La pression

Novembre 2016. Je participais au souper du Regroupement des femmes de carrière de la Mauricie pour la première fois, et j’étais mal à l’aise d’arriver seule dans ce monde inconnu. Je parlais sans doute plus fort qu’à l’habitude, je gesticulais peut-être davantage aussi. J’ai cette manie de devenir exubérante quand je suis intimidée – c’est très contradictoire me direz-vous, mais c’est ainsi.

Ce que mon engagement à changer m’a appris

La sagesse

J’étais assise sur le canapé tandis que mon grand-père se berçait et tout en l’écoutant se raconter avec sagesse, mon esprit vagabondait. Je pensais à ma grand-mère, à ses yeux brillants, à son sourire moqueur, à sa voix chantante qui s’exclamait chaque fois qu’on franchissait le seuil de leur maison : «Bonjour, Bonjour!» Comme si elle était surprise de nous voir alors même qu’elle nous attendait! Toujours ce même accueil rieur, cette joie d’avoir sa famille sous son toit.

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La hantise de déplaire

J’avais accepté le contrat sans même y réfléchir. La responsable du programme avait appelé à la maison en mai pour m’offrir cette charge de cours qui débutait en juillet. Et moi, même si je terminais mon congé de maternité, même si je retournais enseigner à temps plein dès l’automne, j’avais dit oui, Oui!, alors que tout en moi hurlait :

– Non! Dis non!

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L’âgisme

Lors d’une rencontre préparatoire, je suis fière d’annoncer à une partenaire bénévole mon intention de m’engager dans un projet d’animation. Mon enthousiasme la surprend, elle m’interpelle : « Êtes-vous bien certaine de vouloir faire ça ? C’est exigeant, Madame Yergeau!

– Je l’ai déjà fait dans ma vie professionnelle, je sais ce qu’il en coûte.

– Oui, mais… vous n’aviez pas 75 ans! »

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L’expérience de la limite

Ce matin-là, j’ai pris le 67 St-Michel, direction Nord, en tenant fermement le sac qui contenait les 3 exemplaires de mon mémoire de maîtrise. Arrivée au métro, j’ai pris la ligne bleue, direction Snowdon, je suis sortie à Côte-des-Neiges 30 minutes plus tard. Je n’ai pas lâché mon sac de tout le trajet, j’aurais pu l’oublier. J’oublie tout quand je suis anxieuse.