Ce que l’accompagnement en fin de vie m’a appris

L’autosabotage

19 mai 2015. Mélissa était à Montréal pour recevoir son premier traitement de chimiothérapie. Je l’avais portée dans mon cœur tout au long de la journée, comme chacun des membres de sa famille, comme chacun de ses amis, certainement. Qui l’avait accompagnée? Son chum peut-être ou sa mère ou sa meilleure amie. Comment se sentait-elle? Avait-elle mal? Avait-elle peur?

Ce que l’accompagnement en fin de vie m’a appris

Le cancer

Avril 2015. L’air était frais, le soleil, radieux.  On s’était donné rendez-vous dans un café. Je l’attendais, fébrile. Je réfléchissais à ce que j’allais lui dire. Qu’est-ce qu’on dit à son amie atteinte du cancer? C’était la première fois qu’une personne de mon entourage, jeune et pleine de vie, souffrait d’une maladie potentiellement incurable. J’étais perturbée.

Ce que l’accompagnement en fin de vie m’a appris

La tempête

Je crois que c’est d’abord cette tempête du début de la trentaine qui nous a attirées l’une à l’autre, Mélissa et moi. On arrivait au bureau chaque matin en poussant un soupir de soulagement. On avait réussi, une fois de plus. Oui! Pour une mère de famille, arriver au travail à l’heure relève de l’exploit. Nos débuts de journée tenaient de la magie.

Soudainement, on se transformait en caricature de nous-mêmes pour jouer les scènes marquantes de la veille ou du réveil. C’était presque une compétition!

Ce que l’accompagnement en fin de vie m’a appris

La peur

Ce matin, j’ai la peur au ventre. L’angoisse envahit mon corps et ma tête. Elle crée une tension douloureuse le long de ma nuque et de mes épaules. Elle rétrécit ma gorge. Elle m’insulte pour brimer ma créativité :

– Ce que tu fais est inutile. Ton projet d’écriture n’intéresse personne. Qu’est-ce qu’on va dire de toi?

Ce que l’accompagnement en fin de vie m’a appris

Le choc

Entre Mélissa et moi, c’était une amitié naissante. Vous savez, quand on se prend d’affection pour une collègue de travail. On dine ensemble, on apprend à se connaitre, on rit. Les 5 à 7 s’éternisent, on boit trop, on se confie : on devient amies. Si vous nous aviez vues! On formait un duo improbable. Elle, avec son humour scabreux, ses mots crus, ses jokes de trucker; moi, avec mon langage-verni-de-prof-de-littérature. Elle, avec son look flamboyant, toujours à l’affut des nouvelles tendances; moi, avec mon style classique, très construit, trop léché peut-être…