Le 8 septembre, j’ai réalisé mon premier triathlon, 1 km de nage, 30 km de vélo, 8 km de course : un grand défi sportif auquel je me préparais depuis novembre 2018. Comment décrire cette aventure et les états d’âme qui l’ont accompagnée au cours des dix derniers mois? Comment expliquer la signification hautement symbolique de l’objectif que je m’étais fixé, si ce n’est en reprenant l’histoire de son point de départ…
En octobre dernier, j’ai fait un voyage extraordinaire au Portugal avec mon conjoint et des amis. Lors de ce périple, nous avons parcouru à vélo la distance entre Porto et Lisbonne, quelque 600 km de route qui nous ont fait découvrir d’innombrables trésors portugais : les villages rustiques, les grandes forêts de pins, les routes sinueuses longeant la mer, les poissons fraîchement pêchés, les vins du Douro… Tout, lors de ce voyage, éveillait mes sens et mon envie folle de me dépasser.
Je me rappellerai toujours la côte raide et interminable que nous avons gravie le deuxième jour, sous un soleil de plomb. J’ai bien cru que j’allais y rester. Pour m’encourager, ma petite voix intérieure répétait inlassablement :
– Pousse, tire, pousse, tire! Vas-y, Judith! Un coup de pédale à la fois!
À mi-chemin, je me suis mise à paniquer, je n’avais plus d’air, j’étais rouge comme une tomate. J’ai détaché la courroie de mon casque croyant mieux respirer… Rien à faire! Je me suis demandé si je pouvais continuer à pieds. Impossible! J’avais bien trop peur de tomber en «déclipant» mes chaussures des pédales. De toute façon, la distance était trop grande, au moins 2 km avant de rejoindre les autres. Alors, je me suis parlé fort :
– Allez Judith, ressaisis-toi! Respire par le nez! Pousse, tire, pousse, tire! Un coup de pédale à la fois!»
Quand j’ai finalement atteint le sommet, bien après mes amis, je me suis mise à pleurer. C’était plus fort que moi! L’effort physique et mental avait été si intense. Mais j’avais réussi! Au cours des cinq jours qui ont suivi, chaque fois que je me suis retrouvée face à une montée difficile, je me suis dit :
– Tu y es arrivée une fois, tu peux encore le faire!
Malgré la fatigue accumulée, je me découvrais une force que je ne soupçonnais pas. Moi, qui avais l’habitude de me décourager et de me plaindre, j’ai pris la ferme décision d’avoir du plaisir à surmonter les épreuves du parcours. Quand le courage me manquait, je regardais mon amie Catherine, qui tenait la cadence comme si elle avait un moteur dans les jambes, et je reprenais confiance. Pour Catherine, chaque montée était un défi qu’elle attaquait avec fougue. Elle arrivait en haut avec un sourire victorieux empreint de fierté qui m’impressionnait. Le quatrième jour, j’ai décidé que j’avais le pouvoir de changer mes perceptions. Je n’aurais désormais qu’un seul but : Vivre l’aventure dans la JOIE et le plus grand respect de mon rythme. Choisir le plaisir!
Une fois cette résolution prise, ma vision des choses s’est complètement transformée. Je ne vivais plus le voyage selon l’idée préconçue de ce que devait être une bonne cycliste ou un bon rythme, mais simplement pour moi, pour me dépasser tout en m’amusant avec des gens que j’aime. J’ai ressenti un grand relâchement, une détente de tout mon être, comme s’il me disait :
– Enfin, tu as compris! J’ai eu peur que ça n’arrive jamais!
En revenant chez moi, je me suis promis d’appliquer ce principe à toutes les sphères de ma vie. Et comme si l’univers m’avait entendue, une semaine plus tard, j’ai reçu le message de Manon, que j’avais rencontrée lors d’une conférence à Laval, tout juste avant mon départ. Elle m’écrivait ceci :
– Bonjour Judith, félicitations pour ton voyage de vélo! Je vois que nous partageons plus d’une passion… Je fais partie du mouvement des Roses du Parc de la Mauricie depuis 5 ans et ç’a transformé ma vie. Je me suis rendu compte que je pouvais accomplir beaucoup plus que ce dont je me croyais capable. Les inscriptions commencent demain et je crois que tu serais une excellente candidate. Penses-y! Ce serait une belle expérience.
C’était l’occasion idéale de m’engager sur ma nouvelle voie et d’ancrer en moi des principes qui allaient transformer ma vie. Je n’ai pas hésité une seconde :
– Bonjour Manon, Wow! C’est drôle parce que ça fait un moment que je pense à me joindre aux Roses, mais je n’osais pas, je trouvais toutes sortes de raisons pour éviter de plonger. Ton invitation me touche beaucoup. Grâce à toi, je me décide! J’envoie ma candidature dès aujourd’hui.
En me lançant dans l’aventure, j’étais déterminée à relever mes défis autrement, non plus dans la crainte de ne pas assez performer, mais dans la joie de laisser s’exprimer la vie débordante qui m’habite.
La suite bientôt…
Julia dit :
Hâte de lire la suite!
Judith Proulx dit :
Ça s’en vient! 😉
Judith Proulx dit :
Bravo Amélie!!! Je remarque précisément le même effet « magique » sur moi. Les moments difficiles sont encore là, les doutes et les périodes d’anxiété, mais je réussis à sortir de ces séquences tellement plus rapidement. Je crois maintenant que la vie peut se vivre avec aisance et plaisir. C’est là toute la différence!