Ce que mon engagement à changer m’a appris

Miroir, miroir…

Le 28 juin 2019, j’ai vécu une expérience spirituelle si intense que je n’ai pas encore osé la raconter. Je craignais que les mots la figent et lui fassent perdre sa magie. Je dois également admettre que j’avais peur d’être jugée… Je n’ai pas encore eu le courage de parler ouvertement de ma spiritualité, mais si je veux poursuivre mon aventure en étant sincère et connectée à mon cœur, je choisis maintenant d’ouvrir cet espace. 

Il y un an, j’étais au Centre de spiritualité des Ursulines de Québec pour prendre part à une retraite de 5 jours dont le thème était : Entrer en amitié avec soi et dire oui à la vie. La formation était dirigée par Marcelle Bélanger et Robert Bouchard, de grands formateurs en communication non violente avec qui j’avais déjà eu la chance de vivre plusieurs journées de cours. Je me sentais enracinée, confortable avec le groupe, prête à me laisser guider par le processus.

Quand je suis entrée dans la salle baignée de soleil, il faisait déjà chaud et humide. Je me suis assise et j’ai lu les objectifs de cette 3e journée :

  • Oser l’intégrité avec soi,
  • Se libérer du regret,
  • Apprendre à se pardonner,
  • Laisser renaître mon enfant intérieur.

En moi, j’ai entendu résonner un grand OUI !

Après un exercice de pleine conscience, nous avons été invités à choisir un coéquipier pour vivre l’expérience du miroir. Il s’agissait de se regarder dans un miroir qui nous tenions à la main et de répondre aux questions suggérées. Notre coéquipier devait nous poser les questions et noter nos réponses, sans interagir avec nous. Malgré l’inconfort que je ressentais à l’idée de confier mes pensées le plus intimes à une pure inconnue, je me suis lancée dans le processus sans aucune retenue.

D’une voix douce, je l’ai entendue dire : Judith, si tu es honnête avec toi, quand tu te regardes dans le miroir, qu’est-ce que tu dis de toi et que vois-tu en toi?

J’ai laissé de longues minutes de silence s’écouler. J’entendais mon souffle et mon coeur battre de plus en plus fort dans ma poitrine quand je me suis enfin décidée… Yeux dans les yeux avec moi-même, j’ai chuchoté: « J’ai de la chance. J’aime les traits de mon visage. J’aime la lumière et l’intensité de mon regard. J’y lis une grande vulnérabilité et une grande force. Je vois en moi l’envie d’être vraie, de me laisser voir telle que je suis, d’être connectée à ce que je ressens et aux autres. » 

J’ai inspiré et expiré plusieurs fois, puis la deuxième question est venue:

Judith, si tu es honnête avec toi, quand tu te regardes dans le miroir, quels sont tes regrets?

« Je regrette d’avoir voulu grandir trop vite, de ne pas avoir assez joué, flâné… d’avoir eu tellement peur de ne pas réussir ma vie, de ne pas avoir écouté mon intuition, d’avoir voulu vivre la vie parfaite au point de m’oublier complètement. Je regrette d’avoir jugé si sévèrement les autres et moi-même, d’avoir fait de la peine à ceux que j’aime le plus, d’avoir négligé le coeur et les ressentis. »

Finalement, Judith, si tu es honnête avec toi, quel est ton plus grand regret?

Silence total. J’me souviens m’être dit : C’est donc ben intense c’t’affaire-là! En plus qu’y faut se r’garder dans l’miroir! C’est alors monté encore plus fort, comme une injonction :

Ce que je regrette le plus est de ne pas avoir assez joué, sans règles, juste pour rire. Juste pour avoir du plaisir sans me soucier du regard des autres sur moi. Jouer, jouer et encore jouer! Je regrette de ne pas avoir compris dès le départ que la vie est une partie de plaisir. Que les choses faciles ont autant de mérite, sinon plus, que les difficiles. Pourquoi ai-je toujours pensé qu’il fallait que ça aille vite et que ce soit difficile pour avoir de la valeur? Qui a dit ça?

J’ai repris mon souffle tranquillement. Laissant le miroir de côté, j’ai regardé ma coéquipière droit dans les yeux et je lui ai dit : « C’est terminé. Je n’ai plus envie d’entretenir cette croyance. À compter d’aujourd’hui, j’ai tout mon temps. » 

L’exercice a pris fin dans une longue accolade silencieuse. Soupir de soulagement, c’était l’heure du lunch!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.