Ça me fait tout drôle d’intituler un texte ainsi. Le don de soi, dans ma tête, c’est bon pour le Dalaï-Lama, Mère Teresa ou Nelson Mandela, pas pour moi. C’est vrai! Je ne me suis jamais considérée comme une personne particulièrement dévouée. Imaginez! Jusqu’à l’année dernière, je ne m’étais jamais impliquée dans une organisation, pas même un comité étudiant. Ça ne m’intéressait pas. Je faisais mes p’tites affaires sans trop me soucier du sort des autres. Je n’étais pourtant ni égoïste ni insensible. Alors… Qu’est-ce qui m’empêchait de donner mon aide et mon temps?
Se donner l’heure juste
Comme tant d’autres, je me sentais happée par le tourbillon du quotidien. Ma vie familiale exigeante et ma vie professionnelle en dents de scie me laissaient sans énergie. Et, pour tout dire, je ne voyais pas ce que je pouvais apporter aux autres. J’étais inconsciente de ma propre valeur.
Comment aurais-je pu croire en ma capacité d’aider les autres?
Au contraire, je pensais que tous me voyaient avec mes propres yeux, à travers le prisme déformant de ma saboteuse intérieure. J’avais toujours peur de ne pas faire les choses suffisamment bien, de ne pas être suffisamment intelligente, compétente, expérimentée, mettez l’adjectif que vous voulez, car le fait est que j’avais peur et que la peur m’empêchait de voir tout ce que j’avais à offrir.
Se donner le temps
Au début de ma trentaine, j’ai vécu un grand chambardement, une crise existentielle durant laquelle j’ai pris la mesure de mon égarement. Quand toutes mes certitudes se sont écroulées, après un manquement grave à mes engagements personnels, après le décès de mon amie Mélissa et après un échec professionnel difficile à encaisser, j’ai décidé de me donner le temps dont j’avais besoin pour réfléchir.
Cette remise en question m’a permis de comprendre que je n’estimais pas la femme, l’être que j’étais. Je ne ressentais pas pour moi cet amour profond et inconditionnel que nous devrions tous ressentir pour nous-même. Je me critiquais constamment, de manière incisive, méchante même. Je m’identifiais complètement à mes fonctions de mère, d’épouse, de professionnelle. Si je ne satisfaisais pas aux besoins et aux attentes de tout le monde, je me sentais médiocre.
Comment aurais-je pu être consciente du bien que je faisais autour de moi?
Il m’a fallu des dizaines et des dizaines de séances de thérapie pour en arriver à me dire : J’ai le droit d’exister. J’ai le devoir d’être qui je suis, car en m’enfermant dans le conformisme et les rôles préétablis, je ne réalise pas mon plein potentiel et je ne vis pas la vie que je mérite de vivre.
Se donner une mission
Cette prise de conscience est la plus importante que j’aie faite et il m’a fallu beaucoup de temps pour ressentir une amélioration de mon estime personnelle. Si vous croyez je suis dure de comprenure, vous avez entièrement raison, mais que voulez-vous, ma souffrance était profonde.
Pour mettre en pratique ma nouvelle façon d’être, je me suis lancé des défis dignes de L‘Estime de soi pour les nuls :
- respirer calmement,
- marcher plus lentement,
- observer mon environnement,
- me répéter, plusieurs fois par jours, « Je suis assez ».
Je vais même vous révéler le truc le plus absurde que j’aie fait : Debout, devant le miroir, je me regardais en affirmant à voix haute :
Je n’ai pas d’emploi, je n’ai aucun salaire et je ne produis rien aux yeux de cette société, mais j’accomplis le travail le plus important de ma vie.
Tout en poursuivant mes exercices, je me suis mise à écrire pour me libérer de mes états d’âme et pour partager mes prises de conscience. J’ai poussé ma quête plus loin en devenant bénévole auprès de personnes en fin de vie. Je prends soin d’elles sans rien attendre en retour, dans un élan d’altruisme et de générosité. C’est un travail qui exige énormément d’ouverture d’esprit, d’écoute, d’accueil, d’amour. Mais j’en retire un tel bien-être! Vous ne pouvez pas l’imaginer. Ce bénévolat m’apporte une connaissance des émotions et de la vie humaines que je n’aurais jamais pu découvrir autrement. Il m’enrichit de manière inespérée.
Puis, tout récemment, on m’a demandé de siéger au conseil d’administration du Regroupement des femmes de carrières de la Mauricie et d’assumer le rôle de directrice des relations publiques. Devinez quelle a été ma première pensée : Voyons donc! Pourquoi moi? Je n’ai même pas de carrière! Mais, dans mon cœur ça vibrait et ça disait : Fonce! C’est une expérience unique pour toi. Et c’est encore du bénévolat, en plein dans tes cordes! J’ai dit oui et j’en suis tellement fière. Ce sera un très grand honneur de travailler à la visibilité et au succès des entrepreneures et des professionnelles de la Mauricie.
Imaginez ce que ça signifie pour moi, qui a eu le sentiment pénible de tout perdre au plan professionnel en déménageant à Trois-Rivières. C’est incroyable!
Et voilà, je réalise que le don est maintenant au cœur de mon existence et que j’en retire une grande satisfaction. Je me sens tellement privilégiée de pouvoir faire ce qui me passionne dans la vie.
Pour la suite des choses, mon plus grand souhait est d’aider les hommes et les femmes à se sentir moins seuls avec leurs états d’âme et leur vulnérabilité, car j’ai la certitude que les passages difficiles de la vie sont essentiels à notre croissance et à notre mieux-être.
Et c’est grâce à vous que j’y arriverai, chers lecteurs, car vous me donnez le courage de poursuivre ma mission.
Fernande Bergeron dit :
Je vous remercie pour ce beau partage.
Je suis a la retraire (environ 5 jours) par semaine et je trouve le temps long.
Moi aussi j ai donnée a ma famille et le fait encore. J ai fait des études pour améliorer mon sort
a plusieurs reprise et la je suis devant un grand vide.
Vous me faite vraiment réfléchir.
A bientôt car j espère vous lire encore.
Judith Proulx dit :
Chère Fernande,
Je connais ce grand vide dont vous parlez et je sais qu’il est difficile à supporter. Quand nos repères s’effondrent, notre quête de sens se fait plus grande, parfois obsédante. Pourquoi ne pas essayer une nouvelle activité, seulement pour vous, seulement pour le plaisir, que vous n’avez peut-être jamais osé faire ou pris le temps de faire?
Qui sait si vous ne découvrirez pas une part de vous-même encore insoupçonnée?
Karine Leclerc dit :
Contagieuse… Tu donne le goût d’être « cruement » SOI. ?
TOUT SIMPLEMENT !
Merci
Judith Proulx dit :
Je t’aime Karine!
Janine Desfossés dit :
C’est toujours un plaisir de lire tes textes. On découvre chez-toi une jeune femme qui n’a pas peur de se montrer vulnérable et authentique BRAVO
Judith Proulx dit :
Un sincère merci Janine!
Lise Tellier dit :
Félicitations pour ton bénévolat avec les personnes en fin de vie! Je suis convaincue que tu en retires une richesse incommensurable en ce qui concerne ton évolution personnelle. En ce qui a trait à ton travail de maman c’est le plus difficile de tout les métiers mais le plus enrichissant. Sois en fière et bonne route Judith! Xx
Johanne Habel dit :
Bravo Judith,
C’est la première fois que je prends le temps de m’arrêter et de te lire au complet. Tu es une belle surprise pour moi, tu es si jeune et tellement de sagesse en toi… tes écrits m’amènent à faire de vraies réflexions sur le sens que l’on veut donner à sa vie.
Merci!
Et bien hâte de te connaître plus… 🙂
Judith Proulx dit :
Oh! Merci, chère Johanne! Que de travail et de réflexion derrière cette «sagesse»! Ça vaut la peine de la partager 😉
J’ai hâte aussi de te connaitre davantage. Bises.
Hélène Deschesnes dit :
Bravo Judith! J’aime ton authenticité à te révéler et à partager tes états d’âme! Tu es inspirante et tu as une excellente plume! Poursuis ton chemin en continuant d’écouter cette petite voix dans ton Coeur….c’est ton meilleur guide car c’est celle de la voie de ton âme, de ta véritable essence lumineuse! …..je sais que tu sais déjà tout cela! 🙂
Membre du RFCM
Judith Proulx dit :
Merci Hélène! Oui, je continuerai de me laisser guider par mon intuition, car je lui dois tout ce que je fais présentement. C’est bien la preuve que mes exercices d’estime de soi pour les nuls portent leurs fruits!
Bien hâte de faire ta connaissance hors du monde virtuel!
Judith Proulx dit :
Merci Marie 🙂
Judith Proulx dit :
Chère Nicole,
Malgré nos difficultés, nos doutes et nos moments de désespoir, nous sommes uniques et nous faisons une différence en ce monde, ne serait-ce qu’en offrant un sourire ou une oreille attentive.
Si mon partage peut vous aider avec vos propres questionnements, j’en suis très touchée et je vous remercie sincèrement d’avoir pris le temps de m’écrire.
À bientôt, à travers les mots.
Annie Désilets dit :
Wow bravo pour ce don de soi aussi par cette belle écriture! J’ai le coeur qui sourit quand je croise en lecture ou en personne des gens rayonnants comme toi qui partage la même mission que moi. Merci pour ce beau partage inspirant et au plaisir de se rencontrer :-)!
Judith Proulx dit :
Merci infiniment Annie! Ce sera un plaisir de te rencontrer. N’hésite pas à me contacter. JP
Judith Proulx dit :
Bonsoir Martine,
Ce que vous m’écrivez est vibrant de vérité. Rarement on accepte de reconnaitre nos limites, car on se fait constamment marteler que nous sommes les seuls à fixer ces fameuses limites. Sans doute est-ce vrai, mais il faut un travail colossal pour arriver à les surmonter.
C’est vrai que ma démarche est particulière, un peu étrange peut-être, mais je ressentais le besoin de partager, par l’écriture, mes prises de conscience et mon cheminement. J’ai une immense soif d’authenticité et d’intégrité, accentuée par la superficialité du monde dans lequel nous vivons.
Vos mots ont une grande valeur pour moi.
Merci!