Dans mon plus récent billet, j’ai parlé du don de soi comme s’il s’agissait de la chose la plus naturelle au monde. Ce n’est pas tout à fait juste. J’ai honte de l’avouer, mais il m’est plus facile de me dévouer pour les étrangers que pour ma propre famille. Je m’explique. Quand j’accompagne des personnes en fin de vie ou quand je m’implique pour des causes qui me tiennent à cœur, je me sens en contrôle de mes moyens et j’essaie, autant que possible, de respecter mes limites.
La dépossession de soi
Or, quand je suis confrontée aux peurs, aux angoisses et aux colères de mes enfants, que j’aime plus que tout au monde, je me sens complètement dépassée, dépossédée de moi-même, comme si je n’arrivais plus à délimiter mon espace physique et mental.
La force de leur caractère me submerge.
Comment gérer leurs demandes incessantes? Comment réagir à leurs regards paniqués? Comment les amener à devenir autonomes? Comment assumer mes responsabilités? Comment les éduquer?
Tant de questions auxquelles je ne trouve pas de réponse.
J’aimerais tant leur éviter la souffrance, même si je sais que ce n’est ni possible ni souhaitable. Ce désir irréaliste me conduit à la démesure. Je réponds aux moindres de leurs caprices. Je minimise leurs sottises. Je les excuse sans procès. J’en fais trop et je m’épuise.
Bien sûr, ils en demandent toujours plus, car ce sont des enfants. Bien sûr, ils refusent de respecter mes conséquences, car je suis inconstante.
Le questionnement
Pourquoi ai-je tant de difficulté à assumer mon autorité et, en quelque sorte, ma responsabilité quant à l’éducation de mes enfants? Ce questionnement, je l’ai traîné pendant des années jusqu’à ce que je me retrouve face à une thérapeute. Encore, je sais…
En réfléchissant à ce qui créait mon malaise entourant mes responsabilités maternelles, j’ai fini par entrevoir la brèche. J’ai dû faire ce que je n’avais pas fait il y 8 ans, quand je suis devenue enceinte sans l’avoir prévu, c’est-à-dire accepter et assumer pleinement mon rôle de mère.
Ça vous paraitra peut-être banal ou ridicule, mais j’ai dû me pardonner cette grossesse accidentelle qui a drastiquement changé les plans que mon mari et moi nous étions faits. Croyez-le ou non, depuis, j’avance à pas de géants. Grâce au support de mon mari, mon plus grand allié dans l’éducation des enfants, j’assume de mieux en mieux mon autorité.
Et je vous jure, si vous saviez d’où je pars, vous comprendriez l’ampleur de ma victoire. J’ai même commencé à donner de vraies conséquences, que mes enfants respectent!
Savez-vous ce que j’ai gagné? Oui, de nombreux «Maman est la plus pas fine du monde!», mais surtout, de la considération, des excuses et des sourires empreints de fierté : «Tu vois, maman, j’ai changé mon attitude!»
L’affirmation de soi
Plus j’exerce mon autorité, avec amour et constance, plus mes enfants s’épanouissent, moins il sont anxieux. J’ai enfin compris une réalité qui m’échappait complètement : il ne s’agit pas de punir mes enfants, mais bien de les amener à devenir responsables de leurs actes.
Ce changement de perspective m’a donné un grand pouvoir, non sur mes enfants, mais sur moi-même. Je me sens maintenant plus libre de m’épanouir dans mon rôle de mère et dans les différentes sphères de ma vie.
Évidemment, ce n’est pas toujours simple, c’est même particulièrement exigeant en cette période de vacances. Mais j’essaie de garder le cap, car je crois que mes enfants méritent d’avoir une maman capable de se respecter.
Au fond, y a-t-il d’autres moyens de leur apprendre le respect?
Elvire Toffa dit :
Encore une belle réflexion; comment veux-tu continuer à nous parler d’accompagnement en fin de vie sans en parler de celui en début de vie? T’aurais-je posé comme question si j’avais su que tu avais hésité à partager ce beau texte…cette belle réflexion. Tu es une âme tellement souriante à la vie que quelque soit l’état dans lequel tu te trouveras ma chère Judith, ta plume saura d’un jet le dire si finement et si authentiquement que cet État ne pourra devenir que matière positive et puissante. Merci de nous partager ce beau cheminement de mère…une mère qui a fait le choix avec un époux formidable de donner TOUT à ses petits. Même quand ce TOUT implique de la rigueur, de la discipline…et TOUT son Amour. Tu es magnifique Judith! Merci belle plume!xx
Judith Proulx dit :
Ton message me laisse sans mots, Elvire. J’ai du mal à me percevoir comme tu me décris, mais j’ai tant de considération pour toi que je te crois et que j’accepte tes compliments Merci, ma chère amie!
Judith Proulx dit :
Merci Sylvie! xx